Peur de mourir, de devenir fou, de la perte de contrôle… La crise d’angoisse, cette crise de panique aiguë, est un phénomène qui concerne 1 à 3 % de la population française et deux cas sur trois sont des femmes. Quelles en sont les causes ? Comment y remédier ? On vous dit tout.
La crise d’angoisse, qu’est ce que c’est ?
L’angoisse est une émotion normale, que chaque être humain est emmené à expérimenter tout au long de sa vie. Ce sentiment nous plonge dans un certain malaise suite à une inquiétude profonde. Sa forme chronique, c’est l’anxiété, l’angoisse étant une émotion plus épisodique, liée à une crainte.
L’angoisse devient pathologique à partir du moment où on en vient à expérimenter des attaques de panique : ce sont les crises d’angoisse. Alors que l’angoisse peut se révéler utile, car elle nous rend plus attentif, plus actif et plus réactif, la crise d’angoisse, au contraire, nous plonge dans un état inadapté. On ne parvient plus à contrôler son émotion, devenue trop envahissante, alors que d’un point de vue technique, la situation ne justifie par une réaction aussi extrême.
Si la crise est un accident isolé, on va la qualifier de crise d’angoisse, mais si elle se répète, on parlera alors de « trouble panique ».
Quelles sont les causes des crises d’angoisse ?
Généralement, la crise d’angoisse survient sans prévenir pour une raison apparemment illogique, mais elle est, en réalité, le résultat d’une accumulation d’anxiété et de stress. Celle-ci tire ses origines de plusieurs facteurs possibles : une dépression, une phobie, un événement traumatisant, des problèmes de dépendance, des troubles du comportement alimentaire, des troubles anxieux généralisés.
Si on est sujet aux crises d’angoisse, il est aussi préférable de retirer les excitants, tels que le café, la cigarette et, bien sûr, les drogues. Ils sont connus pour favoriser l’apparition des troubles anxieux.
Quels sont les symptômes ?
La crise d’angoisse démarre brutalement et monte ensuite très rapidement en puissance. L’attaque peut durer de quelques minutes à plusieurs heures et on se retrouve dans l’incapacité de se raisonner. Généralement, son arrivée survient en 10 minutes et elle met ensuite deux à trois heures pour décroître. On est souvent dans un état où l’on a peur de mourir, de devenir fou ou ne plus avoir de contrôle sur rien.
Il existe plusieurs symptômes qui se déroulent de manière simultanée. On observe des manifestations physiques avec une pâleur, des tremblements, une transpiration excessive, une sensation d’étouffement, des douleurs au thorax, des nausées ou des vomissements, des vertiges, des maux de tête… S’ajoutent à celles-ci des signes comportementaux, comme une prostration, une déambulation ou une agitation insensée. Du côté de l’esprit, on éprouve une peur illogique, une sensation de mort imminente, une angoisse à l’idée de devenir fou, etc.
Comment se calmer lors d’une crise d’angoisse ?
Il faut tenter de reprendre le contrôle sur sa respiration pour qu’elle soit plus lente et plus profonde, afin d’éviter une agitation ou une hyperventilation excessive. On peut alterner les expirations et les inspirations entre le côté droit et le côté gauche du nez, en bouchant une narine à chaque fois. On peut aussi procéder à la méthode de la respiration « en carré » qui consiste à inspirer par le nez sur 4 temps, bloquer sa respiration sur la même durée puis souffler par le nez en 4 temps à nouveau. Cette pratique permet de réoxygéner le corps.
Quelques postures de yoga ou des pratiques de méditations peuvent aussi aider à retourner dans un état serein. Une technique de réflexologie préconise d’appuyer sur l’ongle d’un pouce pendant une trentaine de secondes avant de refaire la même chose sur l’autre pouce. Vous pouvez aussi tenter de sourire largement, afin que votre cerveau l’interprète comme une émotion positive, tout en tapotant votre thymus (un peu en dessous du point situé entre les deux clavicules).
Il ne faut pas laisser s’installer la peur et ne pas rentrer dans la spirale de la panique. Pour ce faire, il peut être intéressant de se concentrer profondément sur un objet au hasard, sur sa forme, son poids, sa matière, son usage, afin que l’esprit ne pense plus qu’à lui et non plus à ses peurs. Vous pouvez aussi mettre cette technique en pratique en fixant vos propres pieds.
Une fois le calme un peu revenu, il ne faut pas hésiter à pratiquer une activité distrayante, comme du dessin ou de la cuisine par exemple. Un bon bain chaud peut détendre considérablement le corps, d’autant plus si on ajoute des huiles essentielles.
Comment calmer une crise d’angoisse quand on est témoin ?
Si vous observez quelqu’un vivre une crise d’angoisse, il faut déplacer cette personne dans un endroit calme afin de la mettre au repos, l’environnement étant souvent un des facteurs de la crise de panique. Il faut ensuite guider la personne afin qu’elle reprenne le contrôle de sa respiration, souvent rapide et superficielle à ce moment-là. La respiration doit s’opérer par le ventre et reprendre un rythme lent afin qu’elle redevienne efficace et que le corps, comme le psychique, se calme.
Il convient bien sûr d’appeler en premier lieu les secours, étant donné qu’il est difficile de faire la différence entre une crise d’angoisse et un autre type de problème grave comme une crise cardiaque, par exemple.
Comment guérir et arrêter de faire des crises d’angoisse ?
Après une crise d’angoisse, il est nécessaire d’avoir un suivi médical et psychologique. En premier lieu, les professionnels doivent déterminer qu’il s’agit bien d’une crise de panique, et pas d’une pathologie somatique réelle, comme un infarctus ou des problèmes d’épilepsies par exemple. Il est d’ailleurs courant après une crise de panique de se retrouver à l’hôpital et de subir une batterie d’examens, les services d’urgences ayant besoin d’éliminer toute probabilité de maladie physique.
Ensuite, pour traiter durablement le problème, il est préférable d’être suivi par un professionnel dans le cadre d’une psychothérapie afin de comprendre les causes de la crise d’angoisse, mais aussi pour apprendre des exercices de relaxation. Un bon suivi permet de faire disparaître 70 à 90 % des troubles paniques.
D’autant plus qu’après une première crise d’angoisse peut se succéder de l’anxiété anticipatoire (la peur que ça recommence) et de l’agoraphobie (liée à la peur de se déplacer dans le type d’endroit qui a provoqué la crise). En somme, chaque épisode de crise de panique non résolu entraîne le concerné dans un cercle vicieux, le trouble panique générant lui-même sa propre anxiété. Les phobies vont s’étendre (peur de toutes les situations qui pourraient provoquer une attaque) et vont progressivement enfermer la personne en souffrance dans une prison mentale. Il faut savoir que 20 % des personnes souffrants de crises d’angoisse tentent de se suicider.
On applique généralement sur le long terme des mesures hygiéno-diététiques en ne consommant pas d’excitants et en évitant, autant que possible, les situations à risque. La pratique du yoga ou de la méditation peut être d’une grade aide pour mieux gérer ses émotions.
Dans certains cas, si les crises sont fortes et répétées, un traitement médicamenteux peut devenir nécessaire. Le médecin va prescrire un antidépresseur de type Inhibiteur Sélectif de la Recapture de la Sérotonine (ISRS) sur une période assez longue (au moins plusieurs mois).
Est-ce qu’on peut mourir d’une crise d’angoisse ?
Eh bien, contrairement à la peur qui s’agite dans notre cerveau au moment d’une crise d’angoisse, on ne peut pas mourir de ça. Ce serait comme supposer qu’on pourrait mourir de rire, c’est impossible. Cette crise de panique ne fait que mimer un problème physique grave, mais il ne se passe concrètement rien de dangereux en terme de santé physique. Il est important de prendre conscience de ce fait pour aller vers le chemin de la guérison : personne n’est jamais mort d’une crise de panique.
Quelles sont les erreurs à ne pas faire en cas de crise d’angoisse ?
Durant votre état de crise, il ne faut pas vous laisser bercer par vos pensées négatives, mais lutter contre celles-ci. Ensuite, il ne faut pas vous enfermer dans le mutisme. Il est important d’ouvrir le dialogue, avec vos proches, mais aussi auprès d’un spécialiste. Il n’y a pas de honte à avoir quand on est sujet aux crises d’angoisse. S’enfermer dans le silence risque d’aggraver le problème.
Du côté des proches, il est important de ne pas minimiser une crise d’angoisse avec des réflexions du type « c’est du cinéma », les personnes souffrant de crises de panique expérimentent un événement réellement traumatisant et ont besoin de soutien.
Comment expliquer les crises d’angoisse nocturnes ?
Il est plus courant dans la population d’expérimenter des crises d’angoisses nocturnes, que des crises d’angoisse à tout moment de la journée. Chez les personnes âgées, il s’agit même d’un trouble fréquent. Sans compter qu’avec la pandémie du Covid-19, d’autant plus de personnes ont été touchées par ce phénomène.
Les crises d’angoisse nocturnes sont provoquées par des situation de stress de la vie quotidienne, des conditions de travail difficiles, des peurs quant à l’action de dormir et donc de ne plus être sur ses gardes. Elle peuvent aussi être liées à l’apnée du sommeil.
La terreur nocturne chez les enfants
Très proche de l’angoisse nocturne, certains enfants souffrent de terreur nocturne. Ils vont s’agiter, se réveiller en criant, tout en étant pas complètement réveillés. Ils finissent par se rendormir brusquement et gardent peu de souvenirs de cet épisode le lendemain matin. Ces terreurs sont assez fréquentes chez les petits avant l’âge de 4 ans. Elles ne sont pas graves, du moment qu’elles ne sont pas trop nombreuses ou qu’elles ne s’éternisent pas quand l’enfant grandit.
Comment éviter leurs venues ?
Pour s’assurer une nuit tranquille, des petits gestes au quotidien peuvent aider. Tout d’abord, il faut préparer le cadre : on évite les écrans au minimum une heure avant d’aller au lit, on mange léger le soir, la température de la chambre ne doit pas dépasser les 20 degrés.
Ensuite, il faut préparer son mental. On adopte donc un rythme de vie équilibrée. La pratique d’un sport en fin de journée peut permettre de faire baisser le niveau de stress ainsi que les tensions. Pour évacuer les angoisses de la journée, on peut les noter sur un cahier le soir. On se couche ensuite en gardant en tête des idées et des pensées positives.
Si c’est un phénomène qui se répète souvent, malgré vos efforts, il est judicieux d’aller voir un spécialiste, sinon elles continueront à se répéter, ce qui peut être difficile mentalement, en plus de provoquer des insomnies sévères.
Comment calmer une crise d’angoisse nocturne ?
Lorsque vous vous réveillez en subissant une crise d’angoisse nocturne, vous devez tout d’abord appliquer des techniques de relaxation afin de reprendre le contrôle de votre respiration et de votre rythme cardiaque. Ne restez pas dans votre lit, levez vous et allez vous installer ailleurs, sur votre canapé par exemple. Vous pouvez pratiquer une petite activité calme, comme la lecture ou un jeu mental comme le Petit bac, le temps que l’épisode passe définitivement.
N’hésitez pas à écrire en pense-bête les éléments dont vous vous souvenez (rêves, pensées) qui ont pu être la source de la crise, avant de retourner dormir. Cela vous permettra de réfléchir calmement le lendemain pour mieux comprendre ce qu’il s’est passé.