Un érysipèle est une infection de la peau, assez fréquente, qui peut se révéler douloureuse et s’aggraver, si jamais elle n’est pas traitée correctement. Comment savoir si on est atteint ? Comment se soigner ? Éviter les récidives ? On vous dit tout.
Un érysipèle, c’est quoi ?
Le mot « érysipèle » provient du grec et signifie « peau rouge ». C’est une infection de la peau due à une bactérie qui affecte dans 85 % des cas les membres inférieurs, même si le visage ou d’autres parties supérieures du corps peuvent être aussi atteintes. L’érysipèle provoque une inflammation aiguë. Il touche majoritairement les adultes de plus de 40 ans et les personnes âgées, mais les enfants peuvent aussi en être victimes. Cette infection détient une incidence de 10 à 100 cas pour 100 000 habitants.
L’érysipèle est relié à la famille de bactérie des streptocoques, des bactéries anaérobies qui se divisent en trois catégories : les saprophytes (non pathogènes, présentes dans l’environnement), les commensaux (présentes dans notre organisme et pouvant devenir pathogènes) et enfin les pathogènes avec les pneumocoques et les streptocoques bêta-hémolytiques des groupes A et B. L’érysipèle est provoqué dans la majorité des cas par un streptocoque du groupe A.
Comment reconnaître un érysipèle ?
L’infection arrive subitement sous la forme d’une rougeur (érythème), accompagné d’un œdème local, de frissons et d’une fièvre importante (39 à 40 degrés). La zone de la peau concernée par l’infection devient enflée, rouge, luisante et entourée d’un bourrelet. Elle est chaude et douloureuse au toucher. Si l’érysipèle provoque une inflammation des glandes, ce qui n’est pas rare, on ressent des douleurs importantes dans l’ensemble de son corps. L’endroit touché par l’érysipèle peut s’étendre au fil des jours.
Basée sur sa forme la plus fréquente et caractéristique, on a tendance à le qualifier de « syndrome de la grosse jambe rouge aiguë fébrile ». Mais l’infection ne touche pas uniquement les membres inférieurs, elle peut attaquer n’importe quelle zone du corps humain, notamment le visage ou les organes génitaux.
Le diagnostic est généralement fait par le médecin sur la simple constatation de la fièvre élevée et de l’inflammation cutanée. Il peut être emmené à prescrire une prise de sang afin de constater une élévation des globules blancs et de la vitesse de sédimentation, ainsi que de la protéine C réactive, qui sont des marqueurs de l’inflammation. Assez rarement le spécialiste peut demander un prélèvement au niveau de la « porte d’entrée », donc de la plaie, afin d’identifier la bactérie responsable et adapter le traitement si besoin.
Quels sont les causes et les facteurs de risque ?
L’érysipèle est provoqué par une bactérie qui a trouvé une porte d’entrée au niveau de la peau. C’est donc souvent à la suite d’une peau abîmée qu’on peut se retrouver avec cette infection, que ce soit une blessure, une petite plaie (même une piqûre d’insecte !), une mycose, une dermatose, un œdème chronique…
L’érysipèle de jambe, la forme la plus fréquente, est dans la majorité des cas favorisé par une insuffisance veino-lymphatique et la présence d’un intertrigo (61 %), d’une plaie (35 %) ou d’un ulcère (14 %).
Certaines pathologies favorisent aussi l’apparition de l’érysipèle : immunodépression, diabète, alcoolisme, obésité, tabagisme, troubles dermatologiques (psoriasis, eczéma), etc. C’est un lien cependant indirect, car elles favorisent les situations à risque de développer l’érysipèle, elles ne sont pas la cause de l’érysipèle en lui-même.
Est-ce que c’est contagieux ?
L’érysipèle est contagieux, il faut donc faire attention ! Il se transmet via un contact peau à peau si la personne non-infectée possède, elle aussi, une « porte d’entrée » (coupure, plaie, etc).
Comment se guérit un érysipèle ?
En premier lieu, il faut beaucoup de repos. En plus de cette période de calme, où dans l’idéal on reste au lit, il faut être soumis à un traitement antibiotique. De manière générale, il débute par une phase d’attaque de 6 jours maximum avec la prise d’amoxicilline ou de pristinamycine, répartis en trois prises journalières. Il vient ensuite une phase d’entretien, où les doses sont réduites.
Pour soulager les symptômes provoqués par l’infection, le patient peut être emmené à prendre du paracétamol, en cas de fièvre et des anticoagulants, en cas d’insuffisance veineuse. Plus rarement, il peut être nécessaire d’être hospitalisé avec administration d’antibiotiques par voie intraveineuse lors de la première phase de traitement.
On pourrait s’attendre à la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (aspirine, ibuprofène…) et de corticoïdes suite à l’inflammation mais ils sont, en réalité, contre-indiqués. Ils cachent les symptômes ce qui provoque un retard de diagnostic et ils peuvent favoriser des complications.
De manière générale, l’état de santé s’améliore deux à trois après le début du traitement antibiotique et la guérison totale survient au bout de 10 à 15 jours.
Que se passe-t-il si on laisse trop traîner l’infection ?
Si on ne guérit pas rapidement son érysipèle, des complications graves peuvent arriver. En premier lieu, il peut évoluer en érysipèle « bulleux » : des cloques apparaissent sous la peau, accompagnées de petits saignements, voire d’un ulcère. L’infection peut ensuite s’étendre dans tout l’organisme et provoquer une septicémie, un phénomène très grave qui nécessite une hospitalisation en urgence. Elle peut être mortelle.
Une autre complication, plus fréquente, est la phlébite (caillot de sang obstruant les veines de la jambe). Le caillot apparaît lorsque le gonflement est suffisamment important pour comprimer le système veineux. Dans ce cas de figure, le médecin prescrit alors une échographie Doppler du membre inférieur atteint, un examen non invasif et non douloureux. Elle est nécessaire, car elle permet de savoir à quel niveau le réseau veineux est bouché, en visualisant directement le caillot.
Si jamais la personne infectée est déjà atteinte par des pathologies chroniques (hypertension artérielle, diabète, insuffisance cardiaque…) ou que l’érysipèle n’a pas été traité rapidement, on peut noter une dégradation brutale de son état général et une atteinte plus profonde des couches cutanées. Cet état de fait peut aller jusqu’à la fasciite nécrosante, une maladie qui provoque une destruction des enveloppes musculaires. Pour éviter cette maladie potentiellement invalidante et mortelle, il faut faire attention aux premiers signes qui indiquent la gravité de la situation : une confusion générale, une plaque d’aspect marbré/blanc-violacé ou nécrosé, des douleurs très intenses, une sensation de gaz sous la peau, des problèmes respiratoires ou cardiaques.
Comment éviter que ça revienne ?
Il faut savoir que pour 12 % des personnes atteintes une première fois par l’érysipèle, une récidive est constatée dans les six mois qui suivent leur guérison et pour 30 %, dans les trois ans. Pour éviter ce phénomène, il faut soigner la fameuse « porte d’entrée » sur votre peau par laquelle est rentrée la première fois l’infection et prendre soin par la suite de son état cutané.
Il faut savoir adopter toutes les pratiques nécessaires pour éviter les infections : la désinfection systématique en cas de plaie, un séchage rigoureux entre les orteils, l’application d’une crème hydratante pour aider sa peau, le port de chaussettes et de chaussures confortables et respirantes. En cas d’intertrigo, il est utile de prendre des antimycosiques et en cas de lymphœdèmes, de porter des bas de contention.
Il est aussi efficace d’adapter son régime alimentaire pour lutter contre l’érysipèle, avec l’ingestion d’une bonne quantité de fruits, environ 20% de son alimentation quotidienne. Il faut aussi éviter les fritures et la viande, en les remplaçant par du poisson et des œufs. Il faut maintenir ce régime alimentaire pendant au moins 6 mois, en faisant des petites pauses régulières.
Si jamais ces mesures ne résolvent rien et que les récidives sont régulières (2 à 4 fois par an), on peut avoir recours à une prise d’antibiotiques sur le long cours avec la prise d’amoxicilline régulière.