Comment une chanson écrite à Strasbourg par un poète originaire du Jura a-t-elle pu devenir l’hymne national de la France ? Si cette chanson a fait des émules dès le début dans l’Hexagone, son histoire suscite de nombreuses interrogations.
L’hymne national doit son nom aux soldats parisiens
De nombreux Français se demandent pourquoi l’hymne national s’appelle « La Marseillaise ». Alors que ce chant ne fait en aucun cas référence à la citée phocéenne, son appellation peut prêter à confusion et susciter des doutes. Derrière l’invention de l’hymne national, se cache un homme pas comme les autres : Claude Joseph Rouget de Lisle, officier du génie en poste à Strasbourg.
A l’origine, ce chant guerrier était au tout début baptisé : « Chant de guerre pour l’armée du Rhin ». Ce nom avait été donné à la demande du Maire de Strasbourg, qui souhaitait un chant entraînant pour soutenir les combattants envoyés pour affronter les soldats autrichiens. Si nous remontons à l’année 1792, lorsque la révolte contre la Monarchie constitutionnelle a éclaté à Paris, l’hymne national s’est répandue à vitesse grand V sur le territoire national.
A ce moment précis dans l’Histoire de la France, les Parisiens ont commencé à chanter ce chant authentiquement révolutionnaire, tout en ignorant le nom de celui-ci. Alors que la Patrie était réellement en danger, les Marseillais sont venus en renfort pour prêter main forte aux révolutionnaires en entonnant cette chanson. Les soldats parisiens ont, sur le moment, désigné ce chant comme étant celui des Marseillais venus mettre un terme à la tyrannie.
Ainsi, il est devenu véritablement : « La Marseillaise ». Ce n’est que le 14 juillet 1795, que l’hymne national sera définitivement baptisé sous le nom que nous connaissons tous. Cependant, en 1804, « La Marseillaise » sera retirée avant l’avènement du Premier Empire, sous Napoléon Ier. Ce n’est que plus tard dans l’histoire, que ce chant deviendra l’hymne officiel de la France sous la IIIe République.
Pourquoi la Marseillaise est-elle un symbole fort de la République ?
Très populaire dans le monde entier, la Marseillaise évoque un épisode majeur de l’histoire de la France. Les paroles reflètent la lutte contre la tyrannie, que les soldats français ont menée en 1792. Suite à la déclaration de guerre de la France révolutionnaire à l’Autriche, les paroles du chant révolutionnaire sont nées. Il s’agit d’un grand évènement marquant pour l’histoire du pays autrefois appelé sous le nom de « Chant de guerre pour l’armée du Rhin ». De grands spécialistes tels qu’Armand Delclos se sont attelés à l’analyse de l’hymne national.
Le premier couplet est dédié à la lutte contre la tyrannie des armées, qui veulent faire tomber la France. Cette idée de lutte contre l’ennemi est également présente dans le deuxième et le troisième couplet. Ces couplets font écho aux « guerriers » et aux « mercenaires » qui se sont battus contre les adversaires déterminés à conquérir le sol français. Pour faire face à la tyrannie, les « enfants » ou les soldats sont appelés en renfort pour défendre les valeurs de la « Patrie ». D’après Declos, la « Patrie » représente une famille d’idéaux chéris par les citoyens.
Quant au refrain de l’hymne national, les paroles sont axées autour lexique de la guerre. Les mots « aux armes ! » et « formez vos bataillons » représentent les soldats français au cœur de l’action et au service de la nation. Le spécialise spécifie notamment que le « sang impur » des ennemis va alimenter le sol français. Dans le quatrième couplet, l’hymne fait référence aux « nouveaux soldats » qui vont naître du sang des adversaires. La métaphore de la terre serait notamment utilisée, afin qu’elle soit comprise par le plus grand nombre.
Pourquoi l’hymne national est-il chanté ?
De manière générale, l’hymne national est un chant est destiné à représenter un État, ainsi que la Nation. Dans la plupart des cas, la création de cette musique est survenue lors de la naissance des États-nations au XIXe siècle. L’hymne national a pour ambition d’endosser l’identité d’un pays. Plus encore, ce chant unique permet d’entretenir un sentiment d’appartenance. Émouvant, il procure de l’émotion au public lors des grands rassemblements de populations.
Ce chant vise à exprimer l’identité d’un pays entier. Plus encore, il exprime la joie et l’enthousiasme des citoyens et il participe au rituel politique. Bien souvent, la Marseillaise est jouée pendant les cérémonies officielles. Lors des rencontres sportives, les supporteurs, et les athlètes mettent du cœur à l’ouvrage pour faire résonner l’hymne national dans les stades. Il s’agit d’une véritable fierté de porter haut les couleurs d’un pays. Le chant collectif de l’hymne national vient apporter un réel sentiment d’appartenance.
Utilisé au même titre que le drapeau tricolore de la France, la Marseillaise est un symbole emblématique lors de la Fête Nationale. Plus encore, ce chant fait office de signature sonore de l’État français. Ainsi, lorsqu’il est chanté par les concitoyens, il se personnifie et unifie la population. Dès l’Antiquité, les hymnes avaient pour but de vénérer les dieux de la mythologie ou des personnages mythiques des légendes. Ces chants, qui ont traversé les siècles, sont les témoins historiques de chaque pays. Il représente la vitalité et la force d’une Nation.
Quelles sont les paroles ?
Couplet de la Marseillaise
I
Allons ! Enfants de la Patrie !
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L’étendard sanglant est levé ! (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes.
Refrain de la Marseillaise
Aux armes, citoyens !
Formez vos bataillons !
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur…
Abreuve nos sillons !
II
Que veut cette horde d’esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français ! pour nous, ah ! quel outrage !
Quels transports il doit exciter ;
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !
Aux armes, citoyens ! etc.
III
Quoi ! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! des phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Dieu ! nos mains seraient enchaînées !
Nos fronts sous le joug se ploieraient !
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !
Aux armes, citoyens ! etc.
IV
Tremblez, tyrans et vous, perfides,
L’opprobre de tous les partis !
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix. (bis)
Tout est soldat pour vous combattre.
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produira de nouveaux
Contre vous, tous, prêt à se battre.
Aux armes, citoyens ! etc.
V
Français, en guerriers magnanimes
Portons ou retenons nos coups !
Épargnons ces tristes victimes,
A regret, s’armant contre nous ! (bis)
Mais ce despote sanguinaire !
Mais ces complices de Bouillé !
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !
Aux armes, citoyens ! etc.
VI
Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux que la Victoire
Accourt à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
Aux armes, citoyens ! etc.
VII
Peuple français, connais ta gloire ;
Couronné par l’Égalité,
Quel triomphe, quelle victoire,
D’avoir conquis la Liberté ! (bis)
Le Dieu qui lance le tonnerre
Et qui commande aux éléments,
Pour exterminer les tyrans,
Se sert de ton bras sur la terre.
Aux armes, citoyens ! etc.
VIII
Nous avons de la tyrannie
Repoussé les derniers efforts ;
De nos climats, elle est bannie ;
Chez les Français les rois sont morts. (bis)
Vive à jamais la République !
Anathème à la royauté !
Que ce refrain, partout porté,
Brave des rois la politique.
Aux armes, citoyens ! etc.
IX
La France que l’Europe admire
A reconquis la Liberté
Et chaque citoyen respire
Sous les lois de l’Égalité ; (bis)
Un jour son image chérie
S’étendra sur tout l’univers.
Peuples, vous briserez vos fers
Et vous aurez une Patrie !
Aux armes, citoyens ! etc.
X
Foulant aux pieds les droits de l’Homme,
Les soldatesques légions
Des premiers habitants de Rome
Asservirent les nations. (bis)
Un projet plus grand et plus sage
Nous engage dans les combats
Et le Français n’arme son bras
Que pour détruire l’esclavage.
Aux armes, citoyens ! etc.
XI
Oui ! déjà d’insolents despotes
Et la bande des émigrés
Faisant la guerre aux Sans-Culottes
Par nos armes sont altérés ; (bis)
Vainement leur espoir se fonde
Sur le fanatisme irrité,
Le signe de la Liberté
Fera bientôt le tour du monde.
Aux armes, citoyens ! etc.
XII
O vous ! que la gloire environne,
Citoyens, illustres guerriers,
Craignez, dans les champs de Bellone,
Craignez de flétrir vos lauriers ! (bis)
Aux noirs soupçons inaccessibles
Envers vos chefs, vos généraux,
Ne quittez jamais vos drapeaux,
Et vous resterez invincibles.
Aux armes, citoyens ! etc.