En France, il est courant d’utiliser le mot « Allô » pour débuter une conversation téléphonique. C’est un mot étonnant, étant donné qu’il n’a pas vraiment de définition précise. Il ne semble d’ailleurs même pas issu de la langue française si on prend en compte sa consonance, bien plus proche du « Hello » anglais, signifiant « Bonjour ». Alors, la question se pose ! D’où vient donc ce fameux Allô si populaire ?
Quelle est l’origine du mot Allô ?
En réalité, il n’existe que des théories sur la naissance de ce fameux « Allô ». On ne peut pas déterminer aujourd’hui avec précision laquelle serait la plus probable ou la plus majoritaire dans l’utilisation de ce mot si particulier.
Son père serait Thomas Edison
On dit souvent que le mot « Allô » proviendrait d’une francisation du fameux « Hello » prononcé par Thomas Edison, l’inventeur du télégraphe et du phonographe, lors de la toute première conversation téléphonique au monde.
Graham Bell, le premier à avoir breveté le téléphone, aurait ensuite utilisé le mot « Ahoy », comme sur les navires, pour utiliser cet outil novateur. Le terme « Ahoy » est utilisé par les marins pour prévenir de la présence d’un bateau ou d’une embarcation. Il peut aussi être utilisé comme un avertissement, un adieu mais aussi un salut.
Ce « Allô » aurait pu cependant être un mot tout à fait différent : il aurait pu avoir une consonance bien plus italienne ! En effet, depuis 2002, l’invention du téléphone est accordée à Antonio Meucci, un Italien qui breveta le premier prototype de téléphone en 1871. Malheureusement, il a eu la malchance de le laisser traîner dans le laboratoire de Graham Bell… Qui en devint ainsi l’inventeur officiel !
Une origine Hongroise ?
Si l’on vous dit « Tivadar Puskàs », ce nom ne vous dit sûrement rien. Pourtant, ce Hongrois pourrait bien être à l’origine de ce fameux « Allô » français. C’est la deuxième théorie défendue par les historiens.
En 1877, lors du tout premier test de la centrale téléphonique, dont il est l’inventeur, Tivadar Puskàs aurait dit « Hallom », traduit en français par « Je vous entends ». À l’image du « Hello » anglais, le « Hallom » hongrois aurait évolué pour devenir le « Allô » français. D’autant plus que d’autres termes qu’il aurait pu prononcer s’en rapprochent : « Hallod » soit « tu m’entends ? » et « Halló », soit « j’écoute ».
Des bergers normands
Et si le mot « Allô » était plus ancien que l’invention du téléphone lui-même ? Une théorie défend que ce mot serait une déformation du terme « Halloo », fréquemment utilisé au XIème siècle par les bergers normands pour appeler et rassembler leurs bêtes.
Est-ce qu’il existe un équivalent du Allô dans les autres pays ?
Les Français ne sont pas les seuls à posséder un mot d’ouverture bien particulier lors de leurs conversations téléphoniques. Ils partagent d’ailleurs le « Allô » avec de nombreux autres pays : « Alo » pour les Turcs, « Halo » pour les Indonésiens, « Alô » pour les Portugais, « Alo » pour l’Albanie, « Allô » pour le Maroc, « A lô » pour le Vietnam, « Allô » pour l’Algérie et le Liban, « Aló » pour la Colombie…
Le « Hello » anglais viendrait lui-même du mot « Hollo », fréquemment prononcé lors des parties de chasse à cours pour indiquer qu’un gibier a été repéré, dans le vocabulaire marin également, ainsi que par les bergers pour appeler leurs troupeaux.
Dans un tout autre contexte, lorsque vous êtes au restaurant, vous pourrez entendre « Allô » ou « Allo » : les personnels de restauration et de service en salle le disent avant d’annoncer la commande au comptoir ou en cuisine.
Est-ce que les expressions de certains pays diffèrent complètement du « Allô » ?
Au Japon, on dira « Moshi Moshi » (je parle, je parle), et « Pronto » (prêt) en Italie. Du côté du Mexique, on dit un étonnant « Bueno? » soit « bien? ». Ce n’est pas pour s’informer de l’état de santé de votre interlocuteur, mais pour une toute autre raison. Cela proviendrait du fait que lors des premières années de la mise en service du téléphone, les appels téléphoniques rencontraient de nombreux problèmes. On avait donc l’habitude de s’assurer souvent de la bonne qualité de la connexion avec cette demande.
En Inde, on utilise les termes « Raam Raam » pour se protéger des mauvaises énergies. Cette expression serait probablement liée au demi-dieu Ram. La Corée propose un mot plutôt étonnant avec « Yobuseyo » qui signifie « Regarde ici ».
En chine, on dira « Wei » (salut), en Turquie « Edendim! » (Monsieur), en Espagne « Diga! » (dis !). En Israël, on vous souhaitera la paix avec « Shalom ». Du côté de la Serbie-et-Monténégro et des Grecs, on se montre particulièrement polis, avec, respectivement, « Molim » et « Parakaló » qui signifient « S’il vous plait ». En Allemagne, on peut utiliser le terme « Hallo » mais il est aussi usuel de répondre en introduisant son nom. Ainsi, si on s’appelle Sophie, on dira « Sophie Hübsch ».
Pourquoi parlons-nous en premier lorsqu’on nous appelle ?
Tous les pays ne commencent pas leur conversation téléphonique par le même mot, pourtant tout le monde décroche le téléphone en parlant en premier. Un fait qui peut paraître étonnant, si on considère que nous ne sommes pas à l’origine de cet appel, c’est notre interlocuteur qui souhaite converser avec nous. Alors pourquoi nous ne lui laissons pas le premier mot ?
Il s’agit en réalité de mettre en place ce qu’on appelle la « fonction phatique » en linguistique. C’est ce qui consiste à établir ou prolonger une communication entre deux personnes en étant sûr que l’on a bien l’attention de la personne avec qui on dialogue. En disant le fameux « Allô », vous indiquez à votre interlocuteur que vous êtes réceptif au dialogue.